Sa Majesté des Mouches
Le P'tit Seize, le ciné-club de
Saint-Rivoal a le plaisir de vous convier à sa première projection
de l'année avec :
Sa Majesté des Mouches
Film anglais en noir et blanc de Peter Brook – 1963 – 1 h 32 - D'après le roman de William Golding
Le vendredi 15 janvier à 20 30 à la salle polyvalente
(enfants à partir de 12 ans)
Un avion qui transporte des jeunes collégiens (probablement issus de la haute société anglaise) afin des les soustraire aux dangers de la guerre en Europe, s’écrase sur une île déserte. Aucun adulte ne réchappe à cet accident. Seuls les enfants survivent.
D’emblée les
spectateurs découvrent les principaux protagonistes : Ralph,
qui trouve une conque sur la plage et son compère Piggy. Ralph a
l’idée de souffler dans la conque histoire de rameuter d’éventuels
survivants. Un autre groupe apparaît plus tard dans lequel les
garçons sont encore vêtus de leurs uniformes et chantent un
cantique. Un adolescent, Jack, est à leur tête. Les enfants se
rassemblent afin d’élire un chef : Ralph ou Jack ? La
conque ou le cantique ? La démocratie ou la guerre ? La nature ou la culture ?
Livrés à eux-mêmes dans une nature sauvage et paradisiaque, les enfants tentent de s’organiser en reproduisant les schémas sociaux qui leur ont été inculqués. Mais leur groupe vole en éclats et laisse place à une organisation tribale, sauvage et violente bâtie autour d’un chef charismatique. La civilisation disparaît au profit d’un retour à un état proche de l’animal...
Métaphore de l’enfermement, l’île est le lieu de l’origine et celui de la fin, tout comme le corps . Nul homme n’est une île, certes, mais chaque homme peut constater que son corps est une limite. L’île réagit comme un organisme vivant avec ses anticorps chargés de la défendre. Sur elle se jouent des combats essentiels : la survie du corps voire la survie du corps social.
Cette oeuvre raconte la fable de la création du genre humain au travers de l'aventure plausible d'enfants abandonnés sur une île déserte. C'est le versant très sombre du mythe de Robinson Crusoé. Là les êtres humains sont immédiatement divisés socialement et leur part animale a raison des structures sociales que la culture impose.
Ce questionnement sur la société et la civilisation débouche naturellement une réflexion concernant la nature humaine et son caractère profondément mauvais qui resurgit, surtout en période trouble.
Au-delà du discours
connu et admis, il semble que l'objet du film est pour une large
part, de dynamiter les clichés en vigueur sur l'enfance, période de
la vie généralement considérée comme heureuse, idéalisée dans
l'imaginaire collectif. Les enfants livrés à
eux-mêmes n'ont pas de contraintes et expriment bien plus volontiers
leur agressivité envers leurs semblables.
Peter Brook parvient à soulever une question pertinente : l'innocence est-elle une vertu ? Car s'il est indéniable qu'il s'agit d'une caractéristique de l'enfance, son caractère positif n'est en aucun cas démontré. Les premiers temps de l'humanité étaient des âges barbares, et il en est finalement de même à l'échelle de l'homme.
Ce film nous interroge avec acuité sur les fondements mêmes de nos civilisations.
Une oeuvre majeure.