Dersu Uzala (Dersou Ouzala en français...)
Le P'tit Seize, le ciné-club de Saint-Rivoal,
a le privilège de vous convier le vendredi 1er octobre à 20 h 30,
à la projection de :
Dersou Ouzala
Le seul film russe
d'Akira Kurosawa
Année 1975 - Durée 145 mn - VO sous-titrée - Couleur
(Grand Prix au 9ème Festival de Moscou 1976
et Oscar du meilleur film étranger 1976 à Hollywood)
En 1902, en compagnie d'un petit
groupe Vladimir Arseniev procède à des relevés topographiques de
la région de l'Oussouri. Ils rencontrent un chasseur mongol du peuple gold, qui
vient les voir dans leur campement. Au départ, les militaires ne
savent que penser de ce vieil homme bizarre, tout petit et aux yeux
bridés. Il n'a pas de maison et il vit uniquement de la chasse et des
peaux de zibeline qu'il vend dans les villages. Mais les militaires
tombent vite sous le charme : Dersou connaît la taïga comme sa
poche, leur fait éviter les pièges, trouver de la nourriture et gagner du temps.
Dersou Ouzala devient vite la référence de l'expédition.
Pour lui, tous les éléments de la nature sont vivants "comme
des hommes". Chaque partie a sa place dans un système qu'il
convient de respecter et de conserver. Cette philosophie (l'animisme), qui attire
les railleries de l'équipe de scientifiques, va profondément
influencer Arseniev. Lorsque le petit homme lui sauve la vie dans la neige et la bise glaciale, une
profonde amitié se lie entre les deux hommes, pourtant si
différents. L'expédition prend fin et chacun retourne de son côté.
Cinq ans plus tard, en 1907, Arseniev repart pour une nouvelle
expédition dans la taïga. Il retrouve Dersou qui le rejoint une
nouvelle fois comme éclaireur de l'expédition. Un jour, alors qu'un
tigre rode autour de l'équipe, Dersou tire pour le faire fuir mais il le blesse. Chez les Mongols, ce geste est considéré comme une
malédiction. Dès lors, le vieil homme ne sera plus le même. Il se
sent décliner de jour en jour, sa vue baisse, il n'arrive plus à
viser correctement, il ne sent plus la présence des éléments qui le guidaient.
Arseniev lui propose de le ramener chez lui, à la ville. Abattu et désorienté, Dersou accepte ("un homme vieux ne peut plus vivre dans la taïga"). Mais il se sent prisonnier dans la belle maison du capitaine et il souhaite finir ses jours dans les lieux où il a toujours vécu.
Et ce que, ni le froid, ni la faim, ni le tigre n'avaient réussi, ce seront les hommes qui le feront : Dersou sera tué par un bandit pour son arme (un magnifique fusil offert par Arseniev).
Kurosawa
Après les moments difficiles que Kurosawa a enduré après
l'échec de Dodescaden (il tenta alors de se suicider), il
accepte l'invitation de Serguei Guerassimov de venir tourner en URSS.
Il choisit pour l'occasion d'adapter deux livres de Vladimir Arseniev parus en 1921 et
1923, qui relatent l'exploration des contrées orientales de la
Russie.
Pour aller plus loin, vous pouvez aussi vous procurer les livres de Vladimir Arseniev : La taîga de l'Oussouri , mes expéditions avec le chasseur gold Dersou. (Traduit du russe par le prince Pierre P. Wolkonsky. Payot, Paris, 1939).
Extraits :
"Comment t'appelles-tu ?" demandai-je à l'inconnu.
"Dersou Uzala", répondit-il.
Cet homme m'intéressait. Il avait quelque chose de particulier. parlant d'une manière simple et à voix basse, il se comportait avec modestie, mais sans la moindre bassesse...
Au cours de notre longue conversation, il me raconta sa vie. J'avais devant moi un chasseur primitif qui avait passé toute son existence dans la taïga. Il gagnait par son fusil de quoi vivoter, échangeant les produits de sa chasse contre du tabac, du plomb et de la poudre que lui fournissaient les Chinois. Sa carabine était un héritage qui lui venait de son père.
Il me dit qu'il avait cinquante-trois ans et que jamais il n'avait eu de domicile. Vivant toujours en plein air, ce n'est qu'en hiver qu'il s'aménageait une "yourte" provisoire, faite soit en racine, soit en écorce de bouleau. Ses souvenirs d'enfance les plus reculés, c'étaient la rivière, une hutte, un bûcher, ses parents et sa petite soeur.
Pour terminer, est-il juste que les habitants du Vieux Monde sachent tout du Far West
américain et de ses peuples, et presque rien de la féerique Sibérie
orientale, là-bas, entre le fleuve Amour et la mer du Japon ?
Sans le chef d'œuvre de Kurosawa, tout le monde ignorerait le
merveilleux récit de Vladimir Arséniev, soldat du tsar et explorateur
inspiré de la " taïga ", la jungle glaciale aux étés exubérants. Avec
Dersou Ouzala, son vieux guide animiste, ingénu et malicieux, il a
passionnément aimé et décrit ce royaume de la forêt et de la neige, du
tigre et de la zibeline, de l'or et des métaux précieux.
C'est le chant du monde qu'il nous donne à entendre, celui de l'humanité fraternelle, la geste de l'homme, son épopée. Enfin redécouvert, " Dersou Ouzala " est un des plus beaux livres jamais écrits sur la nature et l'amitié.
Vladimir Arseniev
J'espère que vous serez nombreux à nous accompagner dans cette bouleversante
aventure humaine (et mystique un peu, aussi...).
Marie, la chargée de com