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au p'tit seize
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21 février 2011

Alice dans les villes de Wim Wenders

Le vendredi 25 février à 20 h 30, Le P'tit Seize vous convie à la projection de :

Alice dans les villes

affiche_Alice_dans_les_villes_1973_1

Film N & B - 1973 - 110 minutes de

Wim Wenders

Philippe, un jeune journaliste allemand, n'arrive pas à écrire l'article sur les États-Unis que son éditeur munichois lui a commandé. Tout au plus peut-il prendre des photos polaroïd. Il décide alors de rentrer en Allemagne. Mais il n'y a pas d'avion, c'est la grève, sauf pour Amsterdam.

A l'aéroport de New York, il fait la connaissance d'une jeune femme, Lisa et de sa fillette, Alice, âgée de neuf ans. La mère demande à Philippe d'accompagner la petite jusqu'à Amsterdam où elle les rejoindra. Dans l'avion, à l'arrivée, au cours de promenades, Philippe et Alice font connaissance, se taquinent en attendant Lisa qui ne vient pas (Lisa, la mère d'Alice, est interprétée par Liza Kreuzer, l'extraordinaire comédienne de "Il faut tuer Birgit Haas).

Liza_Kreuzer

La fillette suggère au jeune homme de l'emmener chez sa grand-mère qui habite, croit-elle, à Wuppertal, en R.F.A. Sur place, Alice ne se souvient ni du nom, ni de l'adresse de sa grand-mère et les deux compagnons s'épuisent en vaines recherches. Fatigué, à court d'argent, Philippe tente de confier la petite à la police. En vain : elle le suit et elle  l'entraîne dans de nouvelles randonnées de ville en ville. Lorsqu'enfin la police retrouve la trace de la grand-mère à Munich, Philippe et Alice ont appris à se connaître et à s'aimer, comme un père et sa fille.

Alice_1

Le mal de vivre est omniprésent dans ce film. Lisa et son amie allemande ont elles aussi des  problèmes existentiels. "Quand on arrive à un croisement, on dirait qu'on a trouvé une clairière dans la forêt" mais bien sûr il ne s'agit que d'une illusion ponctuelle de bonheur. L'arbre ne peut cacher la forêt. La solution est ailleurs. C'est à l'homme de se créer lui-même. Il est l'unique point de départ de sa propre réflexion. Mais quand l'image pas plus que les mots ne peuvent vous aider que reste-t-il ? Il reste Alice, le regard d'une enfant. "Les enfants représentent une sorte de point de vue idéal" dit Wim Wenders. Peut-être parce qu'ils n'ont pas encore conscience de leur existence, que l'idée de la mort de ce fait ne veut rien dire pour eux.

Alice_2

Yella Rottlander

"Si nous ne voyons pas par nos propres yeux, écoutons le regard des enfants"

C’est un coup dur, quand on fait un film, d’aller au cinéma et de voir le même à l’écran”, déclarait Wim Wenders pour expliquer la genèse d’Alice dans les villes, son quatrième long métrage. Invité à la projection de "La barbe à papa" de Peter Bogdanovich, le réalisateur y découvre des similitudes avec son projet. Alors qu’il s’apprêtait à tourner, il est obligé de reprendre son scénario. Il en gommera l’aspect policier et réalisera un film avec moins d’action que prévu. Ce contretemps, rétrospectivement bienvenu, lui permettra de développer les aspects qui deviendront les lignes de force de son oeuvre : l’errance physique et psychique, le road-movie avec la fillette, les dialogues entrecoupés de silences, un regard neuf sur la ville moderne ?

Alice_3

C'est de la poésie, c'est artistique, esthétique et chaque plan pourrait être une photographie sur papier glacé, chaque séquence est un tableau. C'est géographique, c'est du mouvement, toujours. Philosophique aussi, beaucoup. La réalité se mêle à la fiction et il y a une recherche constante du sens derrière le vide métaphorisé par un personnage qui, avec son polaroïd, cherche le bon point de vue, la bonne direction. C'est une réflexion littéraire,aussi, comment trouver les mots,  ce qu'ils signifient. Alice dans les villes, c'est un peu tout ça mais c'est surtout profondément humain, profondément touchant.

Alice_5

Film décisif, "Alice dans les villes" donnera naissance à une trilogie du voyage – il en constitue le premier volet et sera suivi par "Faux mouvement" et "Au fil du temps". Il préfigure déjà "Paris-Texas".

Alice_4

Rüdiger Vogler

Wim Wenders incarnera alors le renouveau du cinéma allemand, au même titre que Werner Herzog et Rainer W. Fassbinder.

Et si vous avez eu le courage de tout lire depuis le début, je vous offre ce poème écrit par Peter Hanke et qui rythme un autre film magnifique de Wim Wenders : "Les ailes du désir".

"Lorsque l'enfant était enfant, il marchait les bras ballants...
Il voulait que le ruisseau soit une rivière un fleuve et
que cette flaque d'eau soit la mer...
Lorsque l'enfant était enfant, il ne savait pas qu'il était enfant.
Pour lui tout avait une âme,
Et toutes les âmes n'en faisaient qu'une.
Lorsque l'enfant était enfant, il n'avait d'opinion sur rien, il n'avait pas d'habitudes...
Souvent il s'asseyait en tailleur, il partait en courant...
Il avait une mèche rebelle
Et il ne faisait pas de mines quand on le photographiait.
Lorsque l'enfant était enfant...
Puis vint le temps des questions comme celle-ci :
Pourquoi est-ce que je suis moi ?
Et pourquoi est-ce que je ne suis pas toi ?
Pourquoi est-ce que je suis ici ?
Et pourquoi est-ce que je ne suis pas ailleurs ?
Quand a commencé le temps ?
Et où finit l'espace ?
La vie sur le soleil n'est-elle rien d'autre qu'un rêve ?
Ce que je vois, ce que j'entends
Ce que je sens
N'est-ce pas simplement l'apparence d'un monde devant le monde ?
Est-ce que le mal existe véritablement ?
Est-ce qu'il y a des gens qui sont vraiment mauvais ?
Comment se fait-il que moi qui suis moi,
Avant que je devienne, je n'étais pas
Et qu'un jour moi qui suis moi
Je ne serai plus ce moi que je suis..."

Peter Handke.

Alice_6

Marie,
la chargée de com

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